Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

plaisir d'écrire - Page 139

  • Le bonhomme Misère (3)

    Extrait du livre de Henry Carnoy <<les contes de Picardie>> 

    Un an après, le diable sut que le bonhomme Misère était sans argent. Il vint le retrouver, se promettant bien à l'échéance, de ne plus s'asseoir sur le fauteuil, et lui donna vint mille écus aux mêmes conditions que la première fois.
    Le bonhomme Misère recommença ses parties de plaisir comme par le passé et, les dix ans écoulés, vit revenir le diable et dix de ses diablotins.
     ---Eh bien ! Misère, nous partons, cette fois ?
     ---Oh ! oui ! Qu'y faire ? Je suis prêt, partons. Ah ! mais j'oubliais ; j'ai là de bonnes noix sur cet arbre et je serais fort aise de les emporter en enfer.
     ---Qu'à cela ne tienne, dit le démon. Je vais te les cueillir avec mes diablotins. Ce sera vite fait.
    Et en un instant le diable et ses compagnons furent sur l'arbre.
    Les noix cueillies, les diables voulurent descendre, mais ce leur fut impossible. Le bonhomme Misère courut à sa forge et en revint avec une longue barre de fer pointue. Il piqua le diable et les diablotins tant et si bien que tous poussaient des cris a réveiller des morts.
     ---Grâce ! grâce ! hurlaient -ils.
    Et Misère continuait à les piquer à la ronde.
     ---Grâce ! Grâce ! dit enfin le diable. Je te remets ta dette et je te laisserai en repos. Mais permets-nous de retourner en enfer.
     ---Tu me le jures ?
     ---Je te le jure !
    Et le forgeron laissa partir le diable et ses compagnons.
    Un an était à peine écoulé que le démon revenait proposer trente mille écus au bonhomme Misère, toujours sous les mêmes conditions. Misère prit les trente mille écus, aussi heureux que le diable, qui, cette fois, croyait le tenir.
    Au bout des dix ans, ce dernier revint à la maison du bonhomme Misère. Celui-ci l'attendait en fumant sa pipe sur le seuil de la porte. Il se mit à rire en voyant venir le démon. 
     ---Bonjour Misère. Qu'as-tu donc a rire de la sorte ? Et qu'est-ce que cette bourse que tu tiens à la main ?
     ---Bonjour, Satan. Je riais en songeant à un vieux radoteur qui, tout a l'heure, me disant qure vous pouviez vous faire petit, tout petit, jusqu'à entrer dans cette bourse.
     ---C'est donc si difficile ? Ouvre ta bourse et vois.
    Et le diable devint tout petit. Le forgeron le prit et l'enferm dans la bourse.
     -Et bien ! vois-tu, dit le diable, que je peux devenir, à ma volonté, si petit qu'il me plait ?
     ---C'est fort bien. Mais peux-tu sortir de ma bourse ?
    Le diable essaya, mais inutilement. Il s'aperçut qu'encore une fois il était la dupe du forgeron.
      ---Maintenant, à nous deux, maître Satan. Je veux encore te donner une bonne leçon.
    Et, plaçant la bourse sur son enclume, il se mit a frapper dru comme grêle de grands coups de marteua sur le pauvre diable, qui criait, qui hurlait, comme bien vous le pensez.
     ---Grâce ! grâce ! et jamais je ne reviendrai. Je te le jure ! Je suis tout en bouillie ! Laisse-moi, laisse-moi !
    Le bonhomme misère, fatigué de frapper sur la bourse, permit au diable de sortir et ne le revit plus le reste de sa vie.

    A  SUIVRE