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Plaisir d'écrire - Page 49

  • Il y a quarante ans

    Je n’avais pas quinze ans.

    Cela faisait six mois que nous habitions a Aubervilliers. Dans un triste quartier d’usines.

    Après le suicide de sa patronne, mon Père avait décidé de se mettre a son compte.

    Et c’est pour cela que nous nous sommes retrouvés dans ce « bar-hotel-restaurant » situé en  banlieue parisienne.

    J’étais encore a l’école et malgré le certificat d’études que j’avais passé avec succès, je ne voulais plus continuer mes études mais je n’avais pas le choix : il me fallait attendre mes 16 ans avant d’entrer dans la vie active.

    Depuis le mois de novembre, les affaires ne marchaient pas très bien pour mes parents. C’est dur de se faire une clientèle !

    Mais les évènements de mai 68, avec toutes les usines fermées et les grévistes qui ne savaient pas où aller, ont donné beaucoup de travail a mon Père.

    Le restaurant et le bar ne désemplissaient pas de la journée.

    Je n’allais pas a l’école, trop heureuse de « donner un coup de main » !

    J’aidais mon Père et son aide cuisinière a préparer les repas en épluchant les légumes, en préparant les assiettes d’entrées, je coupais le fromage ect ; ect … ….

     Je servais en salle, je « faisais » la cave, je lavais la vaisselle…… Toutes ces petites taches qui ne demandent pas d’expérience.

    Mais je n’ai aucun souvenirs de ce que faisais mes trois jeunes frères pendant de temps.

    Je suppose qu’ils avaient la consigne de ne pas quitter l’appartement situé au-dessus du restaurant.

    Parmi la clientèle, il y avait aussi beaucoup de routiers et nombreux étaient ceux qui « faisaient » l’international . Dans les pourboires, on retrouvait des pièces étrangères et c’est à cette période que j’ai commencé ma collection et je la continue encore maintenant.

    Je n’avais aucune conscience de la gravité des évènements. J’étais simplement contente de ne pas aller à l’école !

    C’est aussi pendant ces grèves que je me suis aperçu qu’une jolie et jeune fille devait se méfier de certains hommes et de leurs mains baladeuses. Heureusement mon Père me surveillait du coin de l’œil car ce jour-là j’aurais sans doute passer un mauvais quart d’heure. Après la cuisine, il y avait la porte qui donnait dans l’hôtel où j’avais une chambre et je ne me suis pas aperçu qu’un client me suivait. Il m’a coincé a l’entrée de ma chambre et a commencé a me toucher et a m’embrasser de force. Mais mon Père, heureusement, est intervenu tout de suite et le « sale type » a passer la porte de l’hôtel plus vite qu’il ne l’avait espérer. Inutile de dire qu’il n’est jamais revenu.

    Puis quelques semaines plus tard tout est rentré dans l’ordre et je suis retournée à ma vie d’adolescente insouciante.

    En quelques jours, j’ai acquis plus d’expérience de la vie et du monde du travail et j’aurais bien voulu que mes parents demande une dispense pour pouvoir les aider dans le restaurant sans être obliger de retourner a l’école, mais je n’ai pas eu gain de cause et c’est seulement un an plus tard que j’ai intégré définitivement le monde des adultes en allant apprendre mon métier dans le service informatique d’une grande société dont la chef était une bonne cliente du restaurant.

    Je garde un bon souvenir de « Mai 68 » !